ITW : Rencontre avec Seaclone Boards !

Réparateur et shaper, Ivan est un personnage atypique. Son atelier Seaclone boards réalise des projets souvent très originaux sans jamais oublier l’innovation. De la construction en lin en passant par le liège, Seaclone propose aujourd’hui une construction monolithe à bas cout. Rencontre avec un shaper pas comme les autres!

 

 

 

Ivan, pour ceux qui ne te connaissent pas, peux tu te présenter et présenter ton activité et ton atelier?

 

Ivan Cacaly aka Seaclone, 47 ans dont 37 passés sur des planches, shaper de Sea Clone boards. Pensé et développé dans le Gard (30) au Grau du Roi, l’Atelier est né officiellement en 2009, statuts déposés à la chambre des métiers de Mende (Lozére) et progression de l’activité « fabrication et réparation de supports nautiques » dans ce département. (si si!).

 

Installé à Leucate depuis Mars 2010, sur une surface d’environ 180m², notre originalité est fondée sur l’utilisation de bio matériaux comme les fibres de lin et basalte, d’âme en liège et mousse polystyrène recyclable, de résine partiellement bio sourcée entre autre chose. Nous travaillons sur 4 domaines de glisse – kite/stand up/wind/ surf- et proposons d’intervenir sur la réparation, la rénovation, la personnalisation graphique et la fabrication de planches.

 

 

 

Comment se divise aujourd’hui l’activité d’un atelier comme le tien entre réparations et shape?

 

C’est une division qui évolue. A l’origine, je travaillais essentiellement sur la déco et la réparation puis les besoins ont évolué. Fort de mon expérience et d’un niveau qualitatif structurel et esthétique sur les réparations, les riders clients m’ont amené à entrevoir l’avenir et opéré un changement de l’activité vers la création de planches.

De fait, de 100% déco & réparation, je suis passé progressivement au rabot pour arriver en cette année 2015 à raboter une 30 aine de boards, toutes disciplines confondues. Nécessairement, une organisation différente, une augmentation de la charge de travail qui n’est pas sans répercussion humaine, structurelle et financière sur la structure… C’est une bonne chose avec la révélation de possibles jusque là jamais envisagés, et des rencontres qui modèlent le projet initial, celui-ci évolue et moi avec.

 

 

 

 

Aujourd’hui tu proposes dans ton atelier un custom windsurf qui sort à partir de 990€, à l’heure où les planches de série valent aux alentours de 2500€, c’est une vraie révolution?

 

Je pense que cela dépend de la place que l’on occupe. De mon point de vue, ce n’est pas une révolution. Ce choix est issu d’une réflexion personnelle offrant une alternative de budget. A 990€, je propose une qualité et pérennité d’objet très intéressante.

 

 

Tu as remis la technologie monolithe au gout du jour, peux tu nous expliquer ce qu’est une construction monolithique pour ceux qui l’ignore? Et comment tu la mets en œuvre ?

 

La construction monolithe se passe des mousses d’âmes comme le pvc (alias Herex / Airex) mise en œuvre par processus de sous vide pour se concentrer sur une application de stratifiés dite de contact (ndlr tissus). La seconde est moins gourmande en matériaux (pvc exit), en périphérique (bâche à vide, ect), son parfait exemple d’application aux sports de glisse étant le surf.

La mise en œuvre est identique sur les windsurfboards, à noter tout de même quelques petites spécificités que je ne dévoilerais pas ici. Celles-ci alliées aux fibres et résines modernes permettent d’obtenir des ratios mécaniques propres à ces planches à voiles et de répondre aux sollicitations de cette pratique.

 

 

 

Très tôt, comme Pierre Bracar notamment, tu as travaillé le liège et le lin. Tu peux nous en dire un peu plus sur ces matériaux et leurs qualités?

 

Avec Pierre (Sun7 ndlr), nous avons échangé très tôt sur l’emploi des matériaux éco-durables ; son énorme expérience de shaper et mon approche nouvelle du domaine nous ont amené à prendre des options différentes pour arriver à des résultats finalement proches. Le lin et le liège ayant une caractéristique commune de gommer les vibrations, leur utilisation séparée ou conjointe offre un contact avec l’eau feutré.

Conjugué à un shape de carène spécifique, on obtient une glisse pour celles et ceux qui apprécient les planches qui ne tapent pas et/ ou qui ménagent les articulations. A cela (entre autre chose bien sur), des avantages à la mise en oeuvre (pour le liège, déformation naturelle par sa souplesse – pour le lin, peu de déformations lors du process de mouillage) et des inconvénients (pour le liège, agglomérat de billes et donc moins de raideur – pour le lin, imprégnation complexe par rapport à une fibre de verre) qui demandent un temps d’adaptation et de maîtrise afin de valider le process de fabrication.

 

 

 

Pourquoi ne sont ils pas plus utilisés aujourd’hui par les shapers ou en production ?

 

Concernant la production, je laisse les intéressés s’exprimer. Coté shapers, un nombre intéressant d’ateliers, surf notamment ont pris l’option bio composites ; comme souvent, ce sont les petites structures qui innovent pour trouver leur spécificité, créneau et client sur un marché difficile.

 

De fait, n’ayant pas une forte médiatisation de notre travail, le public sait assez peu ce qui se passe dans nos murs. Mais lorsque la rencontre a lieu, nous en récoltons les fruits. La prise de conscience qu’entre construction éco-durable de haute qualité, gestion de ressources, travail de proximité, circuit court d’approvisionnement, traitement des déchets et recyclage, matériaux à moindre impact environnemental etc… et rider avec un bel objet fait son chemin et génère de plus en plus d’adeptes.

 

 

 

Tu peux nous parler de ton projet Mercury 42 que tu as développé avec Damien Nico ?

 

Damien Nico aka Mechouille a été un de mes premiers clients à l’époque de la création du projet Sea Clone en me confiant la rénovation d’une de ses planches. On dit souvent que la vie est faite de rencontre, celle-ci en fait partie.

 

Damien a beaucoup travaillé et progressé en slalom et surtout en vitesse; j’ai suivi sa progression, laborieuse et méritante, sans rien demandé à personne. Son envie et sens du boulot propre et fort de quelques top speed impressionnantes m’ont amené à le solliciter pour le projet MERCURY speed : élaborer une planche spécifique pour claquer plus de 50nds en mer ouverte, juste ça! Pour ce faire, nous avons sollicité Olivier Ponrouch designer des ailerons MXR et UFO de nous rejoindre. Autrement dit, une équipe made in France, avec des produits fabriqués en France sur un stade de vitesse français (run de la plage du Rouet/ les Coussoules- Aude – 11).

 

Nous avons commencé avec une 46 suivi d’une 42, elles sont désormais dans son quiver, les dépressions automnales sont là…Aboutir à un record en mer ouverte serait un superbe préambule avant l’ouverture du canal de Leucate…à suivre!

 

 

Quelque soit la discipline, ce qui frappe tout de suite, c’est que les customs Sea Clone sortent du conventionnel, que ce soit en windsurf ou dans les autres disciplines, les shapes sont souvent originaux parfois même atypiques et souvent loin des tendances classiques du marché, à quoi est ce dû ?

Une volonté farouche d’innover et de sortir des tendances ou tout simplement tu écoutes tes clients, plus que les tendances du marché ?

 

Je pense que cela vient de ce que je suis ; si je respecte les règles en général (je ne suis pas un saint non plus), me conformer n’est pas mon crédo. Si tu ajoutes un zest artistique la dessus, une touche de rêverie, un mode de vie proche de l’eau, un intérêt pour les gens, la curiosité pour des domaines très éclectiques et éloignés de la glisse, tu peux comprendre la philosophie et le fil rouge de Sea Clone.

 

 

La question qui fâche :-) . Tu es sur beaucoup de sujets entre le surf, le sup, le kite, le slalom, la vitesse et même la vague, tu n’as pas peur de te perdre un peu dans toutes ces disciplines?

 

Celui qui ne se perd pas de temps en temps ne vas réellement nul part…Rajoute la dessus que je développe également des planches de foil ( avec Benjamin Petit, 3 x titre français + champion du monde master 2015 ), on va finir par plus me retrouver ! Si tu regardes bien, cela reste le même domaine, la glisse…je considère que ce sont des variantes, elles nourrissent la richesse de mes projets, m’évitent probablement la routine…c’est déjà pas si mal, non ?

 

 

 

 

 

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