Portrait : Nicolas Zabala !!

Patron de shop, shaper de talent d’Haïze-Egoa, Nicolas Zabala est aussi et surtout un waverider d’exception. Modeste et humble, Zab n’en est pas moins celui qui charge le spot de la Ravine Blanche comme personne. Il nous fait découvrir son joyau, l’île de la Réunion, ses spots et leurs secrets et nous parle de son travail de shape. Portrait du boss de la Réunion!































fiche signalitique


Prénom : Nicolas


Surnom : ZAB


Nom : ZABALA

Age : 41


Sponsors : Quiksilver, Naish et bien sûr Haïze-Egoa !!!


Palmarès : 10 oursins crayons dans le pied droit, 25 dans
le pied gauche, balafres coralliennes un peu partout…je rigole, pas
de palmarès…









Ton spot : Ravine Blanche

Ton meilleur trip : L’Australie et tous les petits séjours
sur l’île sœur (Maurice)

Tes plus grandes qualités et défauts : L’intégrité
et la persévérance, le manque de finesse et l’impatience
(même si cela paraît contradictoire avec la persévérance !)

Ton /ta rider (euse) préféré(e) : Mark ANGULO

Tes compléments planche : Motocross, Jogging, Musculation et le
plus dur, m’occuper de deux petites filles de 4 ans et de 11 mois



Nicolas en aparté






Nicolas, on n’échappe pas à la désormais traditionnelle
questions sur Uride, raconte nous tes débuts en planche et ton
parcours?

Les débuts en planche, ça remonte à 1982 ! J’avais
16 ans et ma mère se demandait comment elle allait m’occuper
pendant les vacances. En feuilletant un truc genre « Femmes
et travaux », elle a vu un article sur la planche, elle m’a
branché la dessus. Je crois qu’elle le regrette encore !
Premiers bords à Créteil (je suis de région parisienne,
Boulogne Billancourt !) La meilleure école pour apprendre
à naviguer avec un vent de merde, mais surtout pleins de camarades
super motivés et super ambiance !
Premier planning à 18 ans sur une ALPHA Hawaïan Chichi, découverte
du bonheur et de l’envie d’aller trop vite en besogne :
achat dans la foulée d’un custom Normand que je ne fréquenterais
au planning que de trop rare fois. Je jette l’éponge et prends
la sage décision de me rabattre sur une BIC 750 réplica,
les connaisseurs apprécieront !
Après tout s’enchaîne, les week-ends en Normandie avec
Laurent (il se reconnaîtra !), les premières sessions
dans les vraies vagues de Guincho avec Poussin et Jêrome (pareil !).
Bien sûr Tarifa et le Maroc, avec entre les deux la Bretagne et
le sud de la France.
Bref que de merveilleux souvenirs à la poursuite du vent, et les
multiples rencontres avec des centaines de gens, tous au moins aussi accros
que moi à ce sport de tarés !
Et enfin, 1995, année bénite qui m’a vu débarquer
sur le sol Réunionnais !












Tu peux nous parler un peu de la Réunion et des spots et
des conditions que l’on peut y rencontrer?

Hostilité de certains locaux, mais accueil à bras ouverts
de la grosse majorité d’entre eux, et surtout de François
Schulz et Yannick Cantet (windsurfeur hors du commun qui habite, soit
disant, trop loin des spots !). Bref une arrivée au paradis
de la planche pour celui qui est détaché des biens matériels.
Car il faut reconnaître que le matos, ici, peut durer moins longtemps
que prévu !
Bref arrivé pour un an… ou deux, grand maximum ! J’y
suis encore avec femme et enfants, et la gentillesse et la générosité
de coeur des créoles n’y sont pas étrangères !

Je vous ai dit que La Réunion est le paradis du windsurf, d’autres
pourront vous dire que c’est l’enfer !
L’enfer, car il y’a très peu de plages, que la barrière
de corail est pleine de …corail et aussi d’oursins, qu’il
y a des requins, tout ça !
En fait, le corail, qui nous donne de si belles vagues, a la sale habitude
d’abîmer prématurément nos voiles, et bien il
y’a ici un excellent maître voilier (salut Dom !) qui
efface les vilaines balafres ! Pour les oursins, qui ne sont pas
plus chiants que les moules, hein ! Hé ben y’a les chaussons,
tout bêtement ! Pour les requins, y’a tout simplement
mille, ou dix mille, fois plus de chance de se scratcher salement en bagnole
que d’avoir des problèmes avec ces bêtes là !
Tout le monde roule quand même !

Maintenant que vous avez compris que c’est pas tout à fait
comme on peut croire que c’est, je peux vous parler des spots !

Tout se passe sur les côtes Ouest et Sud, entre la Saline-les-bains
et Saint-Pierre.

On commence par le lagon de la Saline, spot peut être en voie d’extinction,
car sous le coup de la loi de défense du parc marin ! La nav
n’y est autorisée que dans deux couloirs matérialisés
par des bouées avec très forte amende à la clef en
cas de dérapage !
Navigation classique de lagon, rien à dire de spécial si
ce n’est que les chaussons sont recommandés et qu’il
vaut mieux naviguer à marée haute.
Fonctionne par vent de sud, en général assez fort, prévoir
entre 3,5 et 4,5 m².

Il faut descendre un peu vers le sud pour trouver Saint Leu et sa vague
de renommée mondiale où se déroule une étape
des championnats du monde de surf !
Le spot fonctionne par vent de sud, c’est à dire à
l’arrivée d’un front froid, donc par grosse houle. Tant
mieux, car c’est le moment ou il y a le moins de surfers à
l’eau et c’est parfois un problème…
Il faut nager quelques mètres pour choper le vent, après
c’est la magie qui commence !
Vent en général assez fort prévoir entre 4 et 5 m².

Encore un peu plus bas on arrive à l’Etang-Salé, pur
spot de windsurf. Des vagues un peu moins jolies qu’à St Leu
et un vent un peu irrégulier, mais pas de surfer. Le paradis commence
ici !
Prévoir une planche un peu plus volumineuse que sur les autres
spots et les gabarits lourds pourront pousser jusqu’à 5.4
m² certains jours.

Et enfin Saint Pierre, capitale du vent ! Et son fameux spot de
Ravine Blanche qui a valu à l’Île sa réputation
de radicalité !
Là, c’est plus hard core ! Pas de plage mais des blocs
de lave d’où il faut sauter pour accéder aux vagues
qui déroulent devant les mêmes blocs !
Tapis d’oursins et mini plage de gros galets glissants à la
sortie de l’eau !

Il vaut mieux se renseigner auprès des locaux avant d’aller
naviguer !
A part ça, c’est top. Vagues longues ou courtes suivant les
jours et l’orientation du swell, mais toujours hyper puissantes,
c’est le spot des sensations fortes, quand tu tapes une lèvre
à Ravine, tu sais pourquoi t’es venu ! En saut ou en
surf !
Prévoir entre 4 et 5 m², pas besoin de gros volume, le vent
est rarement irrégulier.

Le dernier est le spot de la jetée. Super spot de free ride ou
de slalom. C’est le spot de replie quand la houle est trop grosse
ou trop moche.




A la ravine on t’as vu tu t’engages au maximum et pourtant le
spot n’a pas l’air de pardonner grand chose. Les clichés de
la ravine Blanche prouve bien le niveau très élévé des
riders à la Réunion, n’as tu jamais pensé à
te lancer dans la compète??

Ravine Blanche c’est le spot où le plus important n’est
pas le niveau technique, mais le niveau d’engagement ! Dés
qu’il y’a un peu de taille, soit tu navigues à 100% soit
tu navigues pas !
Si tu es un peu mou, que tu mets du temps à faire ton waterstart
ou que tu nages sans conviction pour rattraper ta planche, ça peut
être fatal à ton matos !
Etre fort sur ce spot ne signifie pas balancer des moves de ouf dans tous
les sens, mais être sûr de soi, avoir une technique de base
sans faille et être super zen !
Après 12 ans de pratique du spot, il m’arrive encore régulièrement
d’avoir le cœur à 200 et les mains qui tremblent avant
de sauter des blocs, lors des grosses sessions d’hiver !
Ce spot t’apprend le respect et l’humilité. Tu ne
te vantes pas de naviguer à Ravine, tu en est juste fier, quelque
soit ton niveau !

Après il y a toutes les sessions à moins de deux mètres,
où ça devient, pour moi, un des meilleurs spots au monde !
Vagues puissantes à surfer, avec des sections courtes pour taper
des aerials et un vent régulier pour sauter ! Il faut juste
continuer à éviter les blocs !

Vu le potentiel de l’île pourquoi n’y a t il jamais
eu de compétition dans l’esprit windsurf trilogy ou windsurf challenge
qui s’est arreté chez vous selon toi?

C’est vrai qu’ici, le niveau est excellent, il faut dire que
quand le vent est là, t’auras forcement une session de vagues
quelque part ! Et comme il y a du vent assez souvent…
Le climat aussi est un avantage, l’hiver en métropole, rater
un jibe est un stress tellement l’eau est glaciale ! En plus
l’ambiance est top, les gars s’entraident beaucoup et se motivent.
Ce sont des petites choses qui permettent de progresser sans se prendre
la tête.
On fait aussi quelques rares compètes, une fois que c’est
commencé, tout le monde est à fond dedans, les gars se lâchent
à bloc et sont surmotivés ! Mais le plus dur, c’est
d’organiser, sans doute la tropicalisation !!!

J’adore le schéma des compétes genre trilogy ou windsurf
challenge, car je sais que l’ambiance n’y est pas celle des
compétes classiques et ici tout le monde aimerait voir débarquer
les pros. On a tous étaient déçus il y a quelques
années car Tristan Boxford avait prévu une étape
du windsurf challenge ici. Finalement, tout a été annulé
car, je crois, la TV américaine ne voulait pas couvrir l’événement
à la Réunion.

Tu tiens le shop Zeshop et tu shapes aussi
en parallèle les planches Haïze-Egoa. Les planches que tu
réalises semblent avoir des shapes très spécifique,
tu peux nous en dire 2 mots?

Le magasin Zeshop est devenu Haïze-Egoa, c’est à dire
intégré a 100% dans l’atelier de shape.
Je ne sais pas si mes planches sont « particulières »,
mais ce qui est sûr c’est que je les développe seul,
et un peu perdu dans mon coin. Je ne subis donc pas les différentes
influences commerciales ou autres. En fait je fais la recherche sur mes
propres flotteurs, et quand une évolution est intéressante
je l’applique aux autres sans me préoccuper des tendances
esthétiques ou techniques du moment.
Je travaille sur des planches plutôt larges et très en pin
tail, avec des avants tronqués et des épaisseurs assez faibles.

Le résultat donne des flotteurs très maniables avec un très
bon départ au planning et surtout une plage d’utilisation
très large.
Le pin tail permet une grande maniabilité et de la vitesse dans
le surf (l’arrière étroit permet de retendre la planche
sans perdre en maniabilité), que ce soit dans le clapot ou les
grosses vagues.
La largeur et le nez tronqué donnent un très bon départ
au planning et une grande stabilité dans le vent faible et les
petites vagues.
La faible épaisseur donne une planche très douce dans le
surf avec un centre de gravité plus bas qu’une planche plus
épaisse.
Je fais beaucoup de planche à carène asymétrique.
Avec du vé à l’avant et à l’arrière
côté surf et du plat côté saut. Cela donne un
rail très tendu pour le saut et la remonté au vent, et un
rail très banané pour le surf.

Crédit Photos : Charly Bell www.watershoot.fr
/ windsurf-reunion.sportblog.fr

www.zeshop-reunion.com

Un grand merci à Nicolas et Charly pour le temps passé et les
photos ;) !!

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