Parce que le windsurf est avant tout une histoire de passion et qu’il ne se vit pas qu’à travers les spots paradisiaques et les images des pros, nous avons choisi de relancer une rubrique un peu mise de coté ces dernières années, celle des portraits de windsurfers de l’hexagone, qui animés par leur passion mérite notre attention. Pour redémarrer cette série de portraits, nous avons choisi de partir à la rencontre de Benoit Lahaut, U-rider mais aussi et surtout shaper de l’atelier Belzh installé en Bretagne.
fiche signalétique
Prénom : Benoit
Surnom : Belt, Belzh…
Nom : Lahaut
Age : La quarantaine
Sponsors : Customs BELZH, paté Henaff, Danette chocolat Palmarès : /Maillot Jaune au Tour Dum’ le 4 Mai 2011
Tes spots : Tout le Finistère, mais les Blancs, la Presqu’île de Crozon, Le Dossen, Tronoën sont mes spots de prédilection
Ton meilleur trip : je dirai la Nouvelle Calédonie, Fuerte et Cabarete, et La Réunion bien sûr, bref y’en a pas qu’un!
Site web : Page Facebook BELZH
Belt en aparté
Peux tu te présenter rapidement pour les Uriders qui ne te connaissent pas, ton parcours windsurf, tes débuts de planchiste ?
Bon rapidement alors: J’ai commencé en ’88 en Loire Atlantique, j’ai fait mes premiers bord planning en ’90 à la Réunion où j’ai vécu 2 ans, puis j’ai fait mes études à Metz en même temps que mes premiers customs au milieu des années ’90.
En 1997, je suis parti bosser à Tarifa une saison et je suis rentré pour faire mon service militaire. J’ai atterri en presqu’ile de Crozon où j’ai pris conscience de la qualité de vie qu’on pouvait avoir en Bretagne. J’y suis resté pour bosser 5 ans comme stratifieur chez Exocet avec Jean et Patrice.
En 2004, j’ai quitté Exo parce que je n’avais plus la motivation pour faire du composite, de la peinture, du ponçage… toute la journée.
Je bosse depuis en Bureau d’étude, je fais du design industriel sous Solidworks et Rhino. Après Exocet, j’avais fait un break d’un an avec les customs, puis le virus m’a vite repris et je me suis remonté rapidement un atelier à la maison pour me faire mes planches et réparer celles des potes.
Comment as tu débuté dans le shape ?
A la Reun’ en ’92, j’hallucinais sur les customs qu’on voyait sur le spot de La Saline et à ‘ti Paris, je savais déjà que je m’en ferai un dès que j’en aurai la possibilité! L’année d’après, j’ai shapé ma première planche à Metz dans une cave puis 3 autres dans un local plus adapté avec mon pote « Peltor » qui gérait un « club customs » dans son école.
C’était la belle époque, on avait pas le net, on fouinait en bibliothèque et dans les magazines pour trouver des guides et infos sur les manières de faire du sandwich. On essayait de faire des No-noses comme les Copello, Ace et autres Haleakala qu’on voyait dans Wind!
Ensuite j’ai vraiment appris à Tarifa chez Spirit 66 qui était aux mains de Jean Yves « Burnwood », un Français qui s’était installé là-bas. J’ai fait plein de planches sandwich avec lui et il avait un paquet d’idées pour aller plus vite et faire du « one-shot ».
On collait PVC carène et Pont + inserts et PDM en une seule fois sur un moule de carène, c’était énorme! Ce qui était top à Tarifa à cette époque, c’est qu’il y avait de l’émulation entre tous les ateliers( 100% Fun, catfun, tarifa sailsboards,Spirit 66…), tout ce petit monde se tirait la bourre et ça nous obligeait à faire de bonne constructions et à toujours avoir un petit truc de mieux que le voisin.
Comment et pourquoi est né ton atelier Belzh Custom ?
Comme je te l’ai dis, vers 2005, j’ai recommencé à me faire mes planches après les années Exocet. Je m’étais fait un petit atelier dans mon garage, puis j’ai déménagé, acheté une maison avec un immense sous-sol et la j’ai commencé à aménager un truc sérieux.
Mes planches marchaient bien et les potes commençaient à lorgner dessus avec intérêt. En fait, J’ai toujours su que je me monterai un vrai atelier. Il fallait juste que j’attende le bon créneau, et que j’ai terminé de retaper ma maison. Quand j’ai vu qu’ Aymerick montait le sien dans le Morbihan, je me suis dis que c’était le moment sinon il allait me piquer les clients du Finistère. 😉
Donc l’année dernière, j’ai lancé BELZH, + de 20 ans d’expérience, une bonne dose de créativité, et une motivation intacte pour faire de bonnes et belles planches.
Comment gères tu ton temps entre ton activité salarié et ton atelier ?
Je me suis mis en temps partiel comme salarié, je me partage donc entre mon travail de design industriel et mon atelier. C’est du boulot, mais j’y arrive en m’organisant correctement. Je bosse en plus pas mal le soir et les WE, je ne met jamais mes fesses devant la télé, et j’arrive même à naviguer quand le vent s’en mêle, c’est pas beautiful ça???
L’avantage de cette organisation, c’ est de garder les pieds sur terre et de voir autre chose que mon shaperoom et le monde de la planche: je suis au département R&D chez Cabasse et ça c’est un gros moteur cérébral qui permet de ne pas s’enfermer dans le petit microcosme du windsurf si tu vois ce que je veux dire.
Qui plus est, on ne peut pas gagner sa vie convenablement dans cet art ( à part Keith.T et Fabien chez Tabou + qq autres ), je l’ai déjà vécu et ne suis pas prêt à rempiler alors que j’ai passé la quarantaine et qu’il me faut encore cotiser un quart de siècle…
J’appelle ça garder la tête sur les épaule, j’e n’ai pas suffisamment la cote auprès des windsurfers de ce monde pour vivre d’amour, de gloire et de shape 😉
Mais bon, on en reparle dans 2 ou 3 ans, il ne faut jamais dire jamais…
Quel est la philosophie de shape que tu proposes?
Simple : du bon, du beau et du solide, tout ça made in France !
Déjà, c’est de la fabrication locale, de l’artisanat. Les gens qui viennent me voir sont très sensibles à ça et au rapport qui s’établi quand on a une discussion sur le métier ou quand on défini ensemble le cahier des charges d’une planche.
J’aime prendre le temps d’expliquer la manière dont je bosse, l’esprit, montrer le shaperoom, les décos, la partie graphique à laquelle j’attache vraiment de l’importance. Tu ne me verras pas faire des planches reponcées, je deteste ça …
Je suis super inspiré par les motos-customs, les belles bagnoles, le design orienté sur la technologie (c’est mon métier) et c’est ce que j’essai de retranscrire dans mes planches et dans mes finitions.
Je suis un maniaque du détail et du bien fait. Je préfère faire une planche un peu plus lourde avec un échantillonnage béton et une belle peinture plutôt qu’une planche plus légère et forcément plus fragile.
Pour les shapes, j’aime bien les planches avec des plans de pont pas trop bombés, un peu plus fine en épaisseur que ce que tu vois ailleurs. J’essai de faire des planches douces avec du confort et de la stabilité, et j’ai clairement une préférence vu mon gabarit pour les planches avec du lift et assez haute devant le pied de mât.
Tu verras une commande client que j’exposerai à La Torche durant la PWA sur le stand Nautisme en Finistère, c’est une 86L trifin qui regroupe un petit peu tout ce que je viens de dire, et j’espère que la déco plaira au plus grand nombre, objectif sobre et classieux…
L’ouverture et le retour de nouveaux ateliers a fleuri depuis 2-3 ans et plus particulièrement en Bretagne, une nécessité? Pourquoi cette concentration d’atelier en Bretagne selon toi ?
C’est un très juste retour des choses en ces temps difficiles où pas mal de gens recherchent à nouveau à consommer local, produits Français. Tout bon guitariste ou violoniste passe par un luthier, le mordu de moto va se faire sa bécane ,donc comme tous ces passionnés.
Les bons planchistes reprennent conscience du savoir faire qu’ils ont à portée de mains, et du fait qu’ils vont pouvoir se faire fabriquer leur jouet suivant ce qu’ils veulent très précisément, avec une construction plus qualitative que la série, un graphisme sur mesure et un prix inférieur au neuf de l’année en magasin.
On est pas plus mauvais que la série en shape, on fait tous de bonnes planches, avec leur particularité, et malgré ce qu’on dit elles se revendent très bien( j’ai 3 planches d’occas’ à moi qui sont parties comme des petits pains récemment).
Le fait que ça bouge en Bretagne est un peu dû au fait qu’on a des tops spots ici , et qu’on navigue tant en sauts qu’en surf, conditions idéales pour tester tout ce qu’on fait. On a peut-être aussi ce petit esprit bonnet rouge qui nous fait aller à contre courant , et on aime bien nos produits locaux , ça expliquerai le renouveau qui s’opère depuis un an.
Avec Haize Egoa, Rob’, Rico et moi, je crois qu’on va pouvoir se tirer une bonne bourre sur les « customs Breizh », et c’est tant mieux, même si la concurrence va pas être simple, c’est la loi du business. 😉
On sera tous sur le même espace à la Torche, on pourrait presque éditer un T-shirt Spécial « collectif Breizh shapers », ça serait drôle !…sauf si on s’entretue!!!
Voilà, vive le custom, et RDV sur l’eau pour une saison de fou!
Retrouvez Belzh et tous les shapeurs bretons à partir du 18 octobre sur le site de la Torche, Ils exposeront leurs réalisations dans le village de la Glisse sur un stand commun.