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Elite Wave Challenge Essaouira : Quand windsurf rime avec partage

Retour aux sources, découverte d’un pays, besoin de se surpasser, envie de rencontre. Autant de raisons qui ont poussé une vingtaine de planchistes, pros et amateur à se retrouver du 13 au 20 juin 2006 dans la magnifique petite ville marocaine d’Essaouira pour y vivre une véritable aventure humaine placée sous le signe d’une passion commune le windsurf. Cette aventure, c’était la deuxième édition de l’Elite Wave Challenge.


Une belle session de waveriding avec le port d’Essaouira en décor, une configuration assez rare

Lorsqu’il lance cet événement en 2005, Mick Richard, coureur professionnel, n’a finalement qu’une simple envie : rassembler ses potes pour s’exprimer sur l’eau dans les meilleures conditions et partager cette passion du windsurf avec tous ceux qui le souhaitent et surtout avec les enfants et jeunes marocains.
L’EWC n’a donc rien d’une compétition ordinaire, d’ailleurs l’événement porte bien son nom de challenge. Que ce soit en heat ou en free session, les riders sont là pour se dépasser, atteindre leurs limites et les repousser. Et finalement ce ne sont pas les 2 jours de compétition qui ont le plus marqué les esprits, mais bien les free sessions light wind du début de la semaine.

Le vent orienté au sud-sud-ouest est très léger, à peine une dizaine de nœuds. Trop juste pour lancer des heats. Mais la houle est bien présente et de l’Océan Vagabond, notre repaire, nous distinguons de belles barres déferler au fond de la baie, en face de l’île du Fort. A vue de nez de pros, elles approchent des 2 mètres dans certaines séries. Ces conditions sont rares surtout à l’approche de l’été où le Cherki (vent de NE) prend possession des lieux et où la houle se fait moins consistante. Une excellente session de pur waveriding s’annonce. Mais une telle session, ça se mérite. Il nous faudra marcher plusieurs centaines de mètres sous le soleil, matos en mains pour atteindre l’endroit de la baie où les vagues sont les plus grosses et les plus pêchues. Une fois sur l’eau, un constat s’impose : le vent est bien aussi léger qu’il y paraît, mais les vagues sont plus belles, plus consistantes, et plus puissantes qu’on ne l’espérait. C’est top !


Surmotivé, Jimmy se lâche en aerial

On retrouve cette ambiance de nav’ entre potes que l’on connaît tous et l’émulation joue à plein. Chacun se surpasse, Mick et Yann sont hallucinants. On se demande ce qu’ils ont pu avaler pour être dans cette forme. Percutants dans tous leurs surfs, ils dégainent à coups de goiters ou de 360° sur chaque vague. Frank et Jimmy assurent aussi le show comme s’ils étaient sur leur home spot de Siouville, la chaleur en plus. Les autres, les anonymes, se surpassent aussi, cherchant à exploiter les meilleures vagues et à améliorer leurs surfs. Quant aux Marocains, pour beaucoup c’est leur première fois en babord et qui plus est en light wind. Pas si simple quand on a une 4.7 m² comme plus grande voile et qu’on est plutôt habitué à se faire rallonger les bras en 4m². Peu à l’aise, ils ont quand même la banane. Tous s’éclatent ensemble sur l’eau et ça se voit.

Les riders de l’EWC

Ouvert à tous, l’EWC a réussi le pari de la diversité avec des participants de tous âges, aux personnalités, aux niveaux et aux attentes divergents. Mais qui sont-ils ? Et que sont-ils venus chercher ici ?
Pour Mick Richard, Yann Sorlut, Yannick Anton ou Léo Ray, Essaouira tient une place à part. Alors qu’ils étaient tout jeunes et complètement inconnus du monde du windsurf, c’est sur les spots de Moulay et de Sidi Kaouki, qu’ils venaient s’installer durant les 2 mois d’été pour en « bouffer » et progresser, espérant un jour atteindre le niveau pour jouer dans la cour des grands.


Jeune padawan profite des conseils du Jedi

Cette année, il y avait aussi deux filles chez les pros, l’Espagnole Anita Blanch Molins et l’Italienne Valentina Crugnola. Pas de poule distincte, pas d’avantage quelconque ou de classement séparé, logées à la même enseigne que les mecs, elles ne se sont pas dégonflées, loin de là… Pour tous ces pros, l’Elite est une parenthèse dans le calendrier des compètes qui leur permet de se ressourcer aux contacts des amateurs dans un pays qu’ils affectionnent. « Les amateurs sont souvent passionnés par des choses que nous avons fini par oublier : la glisse pure, le simple plaisir d’être là sur l’eau et de partager une vague, le désir de progresser, d’avoir de nouvelles sensations… » résume Yann.

Et puis il y a les amateurs, ils ont des niveaux et des aspirations tellement variés avec cependant tous un point commun : la découverte ou la redécouverte du Maroc. Trois d’entre eux avaient été sélectionnés pour participer à la compétition. Honneur aux aînés ! Frank Berthelot, qui a un niveau de furieux, est loin d’être un inconnu et a régulièrement sa photo en bonne place dans les magazines. Vous avez sûrement déjà eu l’occasion de mater une de ses vidéos qui circulent sur le net ! Si la perspective de se frotter aux autres n’est pas pour lui déplaire, c’est d’abord l’aspect humain qui l’a attiré, l’envie de rencontrer, d’échanger, de partager sur l’eau et à terre. Pour Romain Pellegrino, la compète c’est bien sympa aussi. Pas le genre prise de tête, son truc c’est d’être sur l’eau, de partager ses sessions et des bons moments avec des potes. N’empêche qu’à la fin de l’événement, il n’a qu’une envie : progresser et faire plus de compétitions… Enfin il y a le jeune Jimmy Vasselin. Lui est là pour la compète ! Il veut se jauger, se mesurer aux pros afin de pouvoir s’évaluer objectivement. A peine 15 ans et il a déjà une idée très précise de son avenir : rider pro. Pour lui ce trip seul sans parents, c’est un peu l’école de la vie et un avant-goût de ce qui l’attend de bon et de moins bon sur sa route…


Le brief

Les autres amateurs ne participent pas à la compétition, mais sont bien décidés à passer un max de temps sur l’eau pour booster leur niveau grâce aux conseils des meilleurs. Les Normands, Paul Fourny et Pascal Joubert et Olivier Gonzalez qui ont déjà un niveau en vagues des plus honorables, étaient bien décidés à profiter de l’émulation sur l’eau et même à tourner ce foutu frontloop ! S’ils ne posent toujours pas le front, leurs envies de découverte, de rencontres et de partage ont elles été comblées. Idem pour Maxence Goualin qui découvrait les vagues. Il repart encore plus accro au windsurf qu’il ne l’était, avec en plus des souvenirs plein la tête.

Quant aux Marocains, qui n’ont pas de championnat national et encore moins la possibilité d’aller faire des compétitions à l’étranger, c’est une rare opportunité de se mesurer à d’autres. Cette année, ils étaient nombreux à vouloir en profiter, mais seulement 10 d’entre eux ont été retenus pour accompagner Fettah Ahlamara : Abderzaq Labdi (19 ans) toujours aussi impressionnant en saut, Ahraïba Taher (16 ans), Badr Halim (20 ans), Bakh Redouane (18 ans), Ayoub Bellakhli (17 ans), Zakaria Achaïbat (22 ans), Mohamed Gournit (18 ans), Abderahim Labdi, Mohamed Teimmi (18 ans) et le plus jeune : Abdelouarade Abdi (12 ans).

Des planches pour les enfants Souiris

Les enfants. A côté du challenge, c’est le pilier, la raison d’être de l’EWC. Tout le monde avait hâte de participer à la désormais traditionnelle journée d’initiation des enfants qui remporte un succès grandissant.
Par dizaine, les enfants de la citadelle ont accouru sur la plage pour bénéficier des conseils de ces champions qu’ils adulent. Ici, à Essaouira le windsurf est très populaire. De la même manière que les enfants de nos cités rêvent d’un avenir à la Zidane, les enfants souiris rêvent de suivre les traces d’un certain Boujmaa… De tous âges et de tous niveaux, ils étaient là, attendant leur tour. La journée s’annonçait déjà éreintante mais tellement réjouissante et enrichissante.


Et tout le monde à l’eau !

Les petites vagues au bord et le courant n’allaient pas faciliter la tâche mais qu’importe, ils ont une telle envie d’être sur l’eau, de s’accrocher au wishbone, que rien ne les arrêterait, pas même le fait de ne pas savoir nager pour certains… Tour à tour, tous les riders se mettent à l’eau, prodiguent des conseils. Ce n’est pas grand chose, mais l’excitation, l’émotion qu’on pouvait lire dans leurs yeux et les « oui, oui, monsieur » ou les « j’ai bien fait là ? » prouvaient qu’ils étaient ravis et ce plaisir était largement partagé par nous tous.
Mais pour Mick cette journée « initiation » n’était pas suffisante. Après l’engouement qu’il avait constaté l’année précédente, il voulait en faire plus. Son idée était alors de soutenir le projet de l’association Essaouira Mogador de créer une Ecole souirie de la mer dont la vocation serait de développer des activités nautiques à destination des jeunes, en lui fournissant du matériel de windsurf.


Après la théorie…. la pratique !

Immédiatement, Svein Rasmussen, le fondateur Starboard fut séduit et emballé. Dès lors, la marque au Tiki se joignait à l’événement comme partenaire principal et offrait 7 planches flambant neuves de sa gamme de vagues Prokids. Rapidement la rumeur se propageait jusqu’à Essaouira où les kids nous attendaient avec une grande impatience. Surexcités, ils n’en croyaient pas leurs yeux en déballant les 3 Evo 62 litres et les 4 Acid 48 litres et en les équipant de leurs footstraps et aileron. Frank avec le soutien de son sponsor Okespor, n’était pas venu les mains vides non plus et a fait le bonheur d’un gentil petit groupe de marmaille avec sa distribution de combinaisons et de chaussons.

Vêtue de leurs nouveaux néoprènes, flotteurs dans une main, gréements prêtés par le Club Mistral dans l’autre, cette joyeuse bande ne put résister à l’envie d’aller tirer quelques bords malgré le vent plus que faiblard.

Le challenge

Trop instable et irrégulier, le vent n’a permis que deux demi-journées de compétition. C’était trop peu pour valider l’épreuve et désigner un vainqueur, la priorité étant donnée au tour de repêchage afin que tous les amateurs puissent courir au moins 2 heats chacun.
Mais finalement qu’importe le résultat ou plutôt l’absence de résultat, tous ont pu se lâcher, se défier et se surpasser, et c’est bien ça l’essentiel. Avec des règles simplissimes (le meilleur saut et le meilleur surf l’emportent), les riders se sont livré quelques belles batailles et ont parfois même réussi à surprendre les pros. Yannick, un habitué des lieux, est formel : les Marocains prennent du niveau d’année en année avec des backloops de plus en plus aériens et de gros progrès en surf.


Les juges au travail

Jimmy, le jeune espoir français, avait mal commencé, certainement trop stressé et peu à l’aise dans ces conditions tribord. Mais en puisant au fond de lui la hargne nécessaire, il a réussi à renverser la vapeur et profite des repêchages pour s’imposer.
Quant aux pros, ils sont redoutables. Zen, ils naviguent pour le plaisir avec l’envie de faire du mieux qu’il peuvent. Et ça se sent. Les moves sont poussés à l’extrême. Ils posent ce qu’ils veulent avec un taux de réussite insolent. Que du beau spectacle malgré des conditions qui ne sont pas à leur avantage.


Aerial coucher de soleil comme Yannick sait si bien les faire

A terre, sur l’eau, à table, durant la compète ou la journée des enfants, cette ambiance, cet esprit de convivialité, d’échanges et d’amitié ne nous ont pas quitté. Chacun est reparti dans sa bulle, enchanté de cette aventure et de ce qu’il y a vécu. C’est ce qui fait l’originalité de l’EWC, et tout ça finalement ce n’est que du windsurf…

Bonus :

:: Voir toutes les photos de l’EWC ( Photographe Pro >> Ugo Richard – EWC ) ::

:: Vidéo 1 | Vidéo 2 ::

Texte : Laurence Mantelin / Photos : Ugo Richard

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