Parti au Brésil pour les championnats du Monde de Formula Windsurfing
qui se déroulaient du 26 novembre au 2 décembre, j’ai voulu prolonger
mon séjour pour visiter et mieux connaître ce pays si immense.
Mon choix d’itinéraire s’est orienté vers Jericoacoara, une réserve
naturelle située à 300 km au nord de Fortaleza. Les conditions
de vague et de vent y sont dites exceptionnelles, ça devrait être
un bon endroit pour décompresser et savourer cette fin de saison 2007
qui s’est soldée par une 8ème place mondiale en catégorie
Light (-75kg) !
Après avoir réussi à stocker mes board bags de Formula
le temps de mon trip et dit au revoir à mes partenaires du Team Funboard
de l’ENV, me voici enfin prêt pour l’aventure. Une navette vient me chercher
à l’hôtel à 8h30. Voyage tout compris avec transfert et
hôtel » Casa de Angelo » comme lieu de résidence sur
place.
Doté d’un petit board bag (DAKINE 8’0) fait pour le transport de surfs
à l’origine qui s’adapte facilement au baroudeur windsurfer pas trop
gourmand, mon quiver de départ est le suivant:
– 1 JP RWW 69L,
– 1 Combat Neilpryde 5,2m²,
– 1 Alpha Neilpryde 4,2m²,
– 2 mâts X9 4,00m et 4,30m,
– 1 wishbone X6 145-195,
– 1 harnais T3 Dakine,
– 1 surf DIAS 5’11 acheté à Fortaleza quelques jours auparavant,
siglé » Jesus Team «
Première incertitude : mon board bag va -t-il entrer dans le mini bus
qui nous conduit jusqu’à l’entrée de la piste de sable ? Etant
donné la taille du coffre, cela ne va pas être possible. C’est
ainsi que l’organisateur du voyage fait déplacer quelques personnes à
l’intérieur afin d’entrer le board bag en le posant sur les appuie-têtes.
Une bonne sangle pour éviter le renversement dans les virages et c’est
parti !
Quatre heures de route plus tard, quelques siestes sur la route, nous voici
à l’entrée de la piste sableuse qui nous permettra de rejoindre
le village de Jericoacoara. On sent déjà un changement d’atmosphère
radical avec la grande ville de Fortaleza. Fini le stress, les voitures déboulant
de tous les côtés, ce sentiment d’insécurité…
L’attente se fait dans un petit bar depuis lequel on peut voir arriver les touristes
qui font le trajet inverse. C’est comme une petite gare routière.
Notre guide et notre pilote nous attendent dans un 4×4 rallongé aménagé
pour y transporter le maximum de personnes. Sièges ou bancs avec une
ossature en bois pour maintenir des galeries sur lesquelles sont posés
les bagages.
Notre pilote s’apparente à Felipe Massa, le pilote de formule 1 brésilien,
au vue de la performance que représente la conduite à travers
les chemins sableux avec des chicanes et des ornières tous les 10 mètres.
De longues lignes droites parfois permettent de lancer ce char d’assaut avec
un bruit de dragster en raison d’un pot d’échappement troué. Le
guide parlant en portugais, je prends mon mal en patience et en profite pour
filmer la route de l’intérieur.
Arrivée vers 15h à Jericoacoara:
Promenade, repérage des lieux, renseignements sur le matos utilisé
: je m’aperçois rapidement que ma planche va être trop petite :
début d’une enquête pour » louer ou acheter » ?
Décision : acheter vu les prix proposés ici chez les différents
loueurs, je rachète ainsi une JP RWW 83 afin d’être à l’aise
ici. Cela fera un bon complément de ma JP RWW 69L pour couvrir toutes
les conditions.
Mon choix s’avère payant dès le lendemain avec des conditions
de surf light wind ne permettant pas de sauter. Doté de ma 5,2 combat,
cette 1ère navigation reste exceptionnelle avec un short, un lycra et
le harnais comme seuls équipements, c’était un baptême.
Une bonne surprise m’attendait le soir en croisant par hasard des amis : Max
Lesauvage (France), Maria Andres (Espagne). Notre discussion se poursuivit autour
d’une petite glace artisanale et d’une petite caïpirinha quelques mètres
plus loin dans la rue de la soif de Jericoacoara : comprenez deux allées
de barracas (petites roulottes où sont préparés des cocktails
personnalisés devant le client). Nous tombons sur Anna (Suède),
Lucas (Suisse allemande), d’autres amis qui semblent bien connaître également
les lieux. Des voyageurs des quatre coins de l’Europe se retrouvent ainsi rassemblés
en quelques instants dans cette petite rue ensablée outre-Atlantique.
Après une belle nuit de repos, le petit déjeuner se prend en douceur
au bord de la piscine avec les palmiers et le souffle du vent comme compagnons.
A ma grande surprise, l’hôtel reste toujours aussi désertique…
le personnel est ainsi très attentionné auprès de leur
seul client !
Direction la plage de Jericoacoara pour une nouvelle journée de waveriding.
Les vagues sont plus importantes que le jour précédent, ce qui
amène plus de monde sur le spot. Le nombre de vacanciers est très
impressionnant d’autant plus que les vagues déferlent près de
la côte et tout le monde veut les prendre. C’est ainsi que l’on se retrouve
très vite à 3 ou 4 et que chacun y va de sa propre trajectoire,
les priorités au surf n’étant pas respectées… et certainement
pas connues !
Je me retrouve ainsi plusieurs fois en contact direct avec des personnes qui
surgissent de nulle part, coupent les trajectoires…. Afin d’en savoir un
peu plus, je prends contact avec Faousto, le responsable du matériel
de windsurf du club Dos Ventos. C’est ainsi qu’il m’indique deux autres possibilités
sur Jericoacoara : remonter plus au vent pour aller sur le spot de Maiada, les
vagues y sont plus consistantes mais le vent plus on shore, ou descendre sous
le vent pour aller aux Dunes, le vent y est plus fort, off shore mais les vagues
plus petites. Cela me rassure d’avoir ces alternatives de spot vu la densité
existante juste devant tous les clubs de location, sur la plage principale de
Jericoacoara.
La nuit tombante, c’est l’occasion de donner des nouvelles via internet. Je
me connecte ainsi depuis l’endroit qui est devenu mon Q.G.: le club Dos Ventos
avec tout son personnel toujours prêt à rendre service. En effet,
ils ont mis en place un réseau wifi permettant de se connecter très
facilement sur place face à la mer, avec sa noix de coco pour se rafraîchir
si on veut ! A côté de moi se trouve assis Florian Jung, un freeestyleur
/waverideur professionnel allemand. Nos visages ne nous étaient pas indifférents,
nous nous étions déjà croisés sur les coupes du
Monde regroupant les disciplines Vague, Freestyle et Slalom telles que Pozo
ou Fuerteventura. Les présentations faites, étant tous les deux
en trip seuls, nous avons dîné ensemble afin de faire plus ample
connaissance. Le courant passant bien, rendez-vous est pris pour le lendemain
afin de tester les nouveaux spots.
Notre 1ère tentative s’oriente vers le spot au vent : Maïada mais
le vent trop faible ne permettra pas d’exploiter les vagues en saut. Retour
au spot de la grande plage de Jericoacoara car le vent y est légèrement
offshore et les vagues déroulent parfaitement. Belle journée de
surf avec un slalom géant à effectuer une fois dans la vague entre
les surfeurs (une dizaine sur 10 m²), les personnes tombées dans
l’eau et les personnes qui coupent les trajectoires ! La vague ne déferlant
presque que le long de la côte, la place au pic y est très chère.
Soirée festive :
Petite soirée avec Florian, Maria, Anna… barbecue sur le toit d’une
maison louée par des suédois, danois, allemands… Chacun amenant
ce qu’il veut griller et boire. La caïpirinha remportant haut la main la
première place pour les boissons, divers choix pour les viandes et poissons
par contre. Profitant de poisson frais journalier, nous avons pu déguster
d’excellents morceaux de thon et autres viandes locales dont nous n’avons pas
toujours eu les réels noms….
La soirée s’enchaîne sur la plage auprès des barracas. Nous
alternons entre deux fournisseurs afin de mieux comparer les spécialités
locales : caïpirinha, caÏpiroska, mojito… les bases étant
de cachaça, vodka ou rhum avec ensuite un large choix de fruits (mangue,
fraise, citron vert, fraise….). La fabrication de ces cocktails semble
demander une grande attention et offre un spectacle très amusant. On
pourrait croire qu’ils jouent des maracas lors du mélange de l’alcool,
des fruits, du sucre et de la glace. Tout est fait manuellement et avec une
énergie impressionnante faisant monter le désir de dégustation.
La prochaine étape est le Foro, le bar ou l’on peut s’initier à
la danse brésilienne : » le foro « . Il s’agit d’une danse très
sensuelle et envoûtée » collée serrée »
dansée en 2 temps. Il faut alterner 2 temps sur sa droite puis 2 temps
sur sa gauche, ainsi de suite. En voyant les brésiliens danser, cela
donne vraiment envie. Mais une fois au milieu des danseurs, je me suis vite
rendu compte des prouesses qu’il me faudrait réaliser pour me rapprocher
de leurs prestations artistiques. Epuisé par la navigation, la marche
dans le sable, tenir debout toute la soirée, l’appel du lit s’est fait
ressentir peu de temps après.
Autre jour, autre lieu de navigation : destination » les dunes « .
Un bon petit down wind au large pour y accéder sera l’occasion de taper
des jumps sur la houle et d’enchaîner quelques moves de freestyle. L’ambiance
y est totalement différente car les dunes remplissent notre champ de
vision et notre esprit. Le village semble vraiment loin et cette énorme
masse de sable crée un décor surréaliste. Un tremblement
de terre pouvant nous enfouir à jamais si la dune venait à s’effondrer.
Petites vagues glassy avec du vent off shore, de quoi s’amuser tranquillement
entre potes. Les freestyleurs s’y donnent à cœur joie, enchaînant
les tricks à une vitesse impressionnante (shakas, goyters, flakas…).
Pour ma part, je m’applique à surfer ces belles lignes de vague délaissées
par les freestyleurs pour mon plus grand bonheur. J’ai l’impression d’être
seul sur le spot et de pouvoir choisir ma vague avec liberté et sans
stress de se faire cartonner soudainement.
Les journées suivantes seront l’occasion de travailler en duo franco-allemand
lors de sessions vidéos: freestyle le matin et vague l’après-midi.
Malheureusement, une petite entorse à la cheville me fait prendre une
journée de repos. C’est l’occasion d’approfondir le travail de cameraman
et permettre à Florian de visionner ses moves le soir.
Un petit temps fût nécessaire pour bien se caler et réussir
à produire des images de qualité. Cette expérience m’a
permis de mieux percevoir les problématiques auxquelles sont confrontés
les cameramen, plus particulièrement mon ami Mathieu Lepage qui me suit
fréquemment avec son œil de spécialiste lors de mes différentes
sessions sur St Malo.
Florian devient mon compagnon de trip ; vivant à la Pousada (comprenez
: hôtel, guest house, backpacker) de Mauricio, située plus près
de la plage, je passe le prendre tous les matins pour se rendre ensemble sur
le spot. On apprend ainsi à connaître un peu plus la culture de
chacun. On échange sur notre gestion de carrière sportive, sur
nos manières de s’entraîner ou encore sur les relations que l’on
entretient avec nos différents partenaires. C’est très enrichissant
de voir comment le windsurf est perçu et porté en France et en
Allemagne.
La coupe du Monde de Sylt est l’un des plus gros évènements sportifs
existants en Allemagne, les medias semblent beaucoup plus intéressés
qu’en France par les sports de glisse. Cela peut paraître surprenant quand
on compare l’étendue des côtes de chaque pays ! Tous les deux aidés
par des constructeurs automobiles, Hyundai et Fiat, une présentation
de nos collaborations respectives a permis de mettre en avant l’intérêt
que peut susciter notre milieu auprès de ces entreprises à renommée
internationale.
La houle s’est bien installée et mes douleurs à
la cheville ont disparu, cela me permet de remonter sur la planche à
Maiada. De nombreux pros viennent s’entraîner ici pour parfaire leurs
moves de freestyle ou leur symétrie en saut. Le spectacle est magnifique
malgré de petites vagues et un plan d’eau assez agité. La particularité
de ce spot étant d’offrir plus de vague lors de la marée montante.
Cependant, dès que l’on arrive à mi-marée, il faut s’astreindre
à ne plus poser le pied à terre au risque de se blesser dans les
rochers.
Les couchers de soleil sont toujours l’occasion de paysages de rêve en
raison d’une exposition des plages plein ouest et des dunes en arrière-plan.
Le balai des vagues et des voiles ne s’arrête souvent qu’à la tombée
du rideau noir, tandis que les danseurs de capoeira commencent quant à
eux leur démonstration sur la plage. A un rythme enflammé, on
peut voir s’exprimer les plus jeunes comme les experts sous les flashs des touristes
qui semblent découvrir un nouvel art et réalisent enfin ce que
signifie le mot » capoeira « . Un cercle se forme et se déforme
au pas des artistes en pleine action. Mi-danse, mi- art martial, on sent une
attirance et une admiration naître en soi.
Les journées se suivent et se ressemblent : une routine semble s’installer,
que ce soit au niveau du vent ou du rythme de la journée. Jericoacoara
s’apparente au lieu parfait pour décompresser, le rythme de vie brésilien
s’adopte si facilement qu’on en oublierait la date de retour en France. La piste
sableuse entre Jericoacoara et Jijoca (la ville où s’effectuent tous
les transferts) officie comme une frontière naturelle entre ce village
perdu et le monde civilisé avec ses routes goudronnées et son
stress quotidien inhérent à la forte activité de ce pays
en pleine croissance.
La fin du voyage sera sous le signe des orages et des pluies abondantes. Le
mois de décembre symbolisant le début de l’été,
le temps était plus propice à l’arrivée de fortes masses
nuageuses et de précipitations parfois très violentes. De nouvelles
bêtes pointaient ainsi le bout de leur nez avec notamment de gros crapauds
un peu partout dans les rues.
Pour mon plus grand plaisir, le jour du départ fût le jour du retour
du soleil. La visite du Lagon Azur se fera ainsi avec des alizés soufflant
à pleine puissance sur cette eau turquoise si plate qui ravira les freestyleurs
ou les amateurs de longs bords de vitesse en slalom ou freeride. La location
d’un buggy à la journée est possible à partir de Jericoacoara
afin de s’offrir une petite excursion sur ce spot isolé. Pour ma part,
le matériel étant solidement rangé dans les board bags,
je me suis limité à admirer le paysage depuis une chaise longue
et une visite du lagon à bord d’un petit voilier à coque très
plate. En effet, un petit passeur propose ses services sur son engin de bois
assemblé avec des branches d’arbre, des bouts de pêcheur et un
sac de sable pour faire le lest ! Pendant une heure j’ai ainsi navigué
dans ce lagon où la profondeur ne dépasse que très rarement
1 mètre …
Mon voyage se terminera ainsi avec le souvenir d’une eau bleue azur, d’un accueil
extraordinaire par les habitants de cette région et l’envie de revenir
l’année prochaine.
Jericoacoara est une destination que je recommande à toute personne voulant
progresser en toute sécurité que ce soit en freeride, freestyle
ou vague car les conditions permettent de faire de longs surfs, les vagues déroulent
doucement tout en offrant de bons tremplins. Entre les vagues, on a le temps
de repartir tranquillement vu l’espace entre chaque vague. Si vous êtes
à la recherche d’un havre de paix après une année fatigante,
vous trouverez aussi du plaisir à rester dans ce petit village qui semble
sortir des dunes brésiliennes.
Matériel utilisé sur ces 10 jours :
JP RWW 83 L et 76 L,
Combat 5,2 et 4,7 m²,
Conditions de navigation rencontrées :
Vent d’Est 15 à 25 nœuds tous les jours, renforcement du vent par
effet de brise thermique.
Vagues de 0,5 à 1,5 mètre
A noter que le vent peut être beaucoup plus fort et souffler jusque 35
nœuds, ce qui implique du plus petit matériel. Surtout en novembre,
une 3,7 m² et une 4,2 m² ainsi qu’une petite planche de 70 litres
peuvent s’avérer nécessaires.
Les freestyleurs équipés d’une planche de 100litres pourront se
donner à cœur joie dans l’éxécution de moves avec
le plaisir de rider en short dans une eau à plus de 25°C parfois.
(Mon gabarit est 1,82m pour 74 kg)
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Liens :
www.aurelienlemetayer.com
www.clubedosventos.com
www.florianjung.com
www.mariandres.com