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Trip / Vidéo : Aventures javanaises…

Trois semaines sur Java, une île d’une autre réalité, sur les traces des T. Traversa, P. Wattez, T. Belbéoch, K. Seadi, K. Teboul et D. Ojera. Nous y avons trouvé vent, vagues, sourires, mais aussi tsunami, tremblement de terre et récifs tranchants… Voici le récit de quelques semaines passées à découvrir un autre monde et à courir en vain devant la septième vague…

L’Ouest de Java en Indonésie… c’est une destination a laquelle j’ai rêve depuis plus de quatre ans lors des premières lectures des récits de Gilles Calvet dans Windsurfer.
A l’époque je n’étais qu’aux débuts de mon apprentissage de planchiste voyageur. Le vent m’avait déjà porté le long des cotes européennes et nord-africaines, mais jamais aussi loin, jamais aussi dingue.
Les lectures des exploits des six champions ayant visite la région en 2002 et 2005 me donnaient des sueurs froides. Il était clairement décrit que l’endroit ne pardonne pas et aux vues des images rapportées, il fallait s’armer de courage pour rivaliser avec les géantes de l’Océan Indien.
Ne pouvant m’engager seul dans cette bourlingue, j’ai lance mon collègue Mike dans l’aventure. Vivant de l’autre cote de la planète dans l’hémisphère Sud, il nous fallait décider d’une destination qui allait changer radicalement notre rythme hivernal. Plusieurs idées sont venues: Fiji, Nouvelle Calédonie, l’Ouest Australien et puis Java…
Nous n’étions jamais allés en Indonésie. Le Sud-est asiatique ne ressemblait pour nous à l’époque qu’à quelques aéroports visités lors de courtes escales. La décision était prise, nous serions les numéros 7 et 8 à windsurfer les vagues de l’Ouest de Java, sur les courbes de nos maîtres!

Le projet était simple: s’inspirer amplement de celui des précédents visiteurs, cherchant sans cesse dans les articles la moindre information pour organiser notre périple. Nous sommes donc partis à la même saison, de mi-juillet à mi-août pour une durée de trois semaines, emportant matériel de planche à voile, de surf et de photographie.
Le transport depuis Jakarta jusqu’au losmen (auberge) était organisé au mieux par notre contact local. Nous avons traversé la capitale babylonienne, la jongle, les plantations de thé, de riz, de noix de coco et enfin sommes arrivés sur la côte.
Etant parti tôt de Jakarta, nous étions à destination à la mi-journée. Le vent soufflait déjà lors de la traversée des montagnes et la descente vers le littoral offrant une vue sur les déferlantes. La fin du voyage n’était que jubilation et crampes au ventre: nous savions que les conditions étaient présentes et il y allait avoir une session dès ce premier jour.
Ce n’était pas moins d’une dizaine de personnes qui attendaient notre venue au losmen. L’arrivée de nouveaux surfeurs à voile dans leur maison créait curiosité et effervescence. Nous faisions donc connaissance avec nos hôtes et partageons le repas avec les autres résidents du losmen. Apres le déjeuner, ils nous font découvrir la plage et ses vagues. Première mise a l’eau, premières montées d’adrénaline sur ces monstres rapides et tubulaires. Mise en jambe d’entrée de jeu. Mike n’échappe pas au récif peu profond et s’offre les premières frayeurs.


Turtles Beach



Mike top turn, Turtles Beach



Ju aerial, Turtles Beach


Mike taquine la lèvre, Turtles Beach


Mike en rade, Turtles Beach

Et c’est dès le deuxième jour que nous avons été les témoins d’événements surprenants. Alors que la mer s’était retirée à son plus bas niveau, trois vagues recouvrirent le récif alors à sec, ainsi que le haut de plage. Le courant au peak s’inversa, les surfeurs ramaient sans cesse et personne ne pu vraiment expliquer le phénomène. Seul le Californien hippy / surfeur / kiteur / parapentiste sortit de l’eau en évoquant un acte du malin. Ce n’est que dans la soirée, lors du dîner, qu’un des locaux nous expliqua qu’une vague arrivait, une grosse vague… une comme à Banda Aceh… et soudain tous comprirent lorsqu’il prononça le mot commençant par la lettre T…
Cinq minutes plus tard les occupants du losmen sont prêts à partir. Certains chargés d’un sac a dos, quelques un d’un passeport, d’autres seulement d’une serviette, pieds nus, en claquettes ou munis d’une planche de surf (le Californien !). Les locaux sont déjà loin, ne laissant aucun moyen de transport derrière eux. Nous comprirent vite que la péninsule toute plate sur laquelle nous étions constituait un bien pauvre abri et serait facilement submergée, surtout si près de la plage. En pleine nuit noire, il nous fallait donc fuir vers les hauteurs dans un endroit que nous ne connaissions que depuis deux jours. Nous étions tous d’accord pour retrouver la route principale qui nous mènerait vers les premières collines à quelques kilomètres dans les terres. Il fallu alors lever le camp, commencer a marcher et si besoin était, apprendre a grimper à un cocotier en moins de 10 secondes !
Les habitants que nous croisions le long du chemin étaient tous très préoccupés et parlaient de la vague géante. Une atmosphère étrange planait sur la région mais la population ne paniquait pas. Confus et sans informations concrètes, nous pensions que ces gens déjà si pauvres ne combattaient plus la fatalité d’une vague destructrice.
En fait, ce n’était qu’une fausse alerte, ou plutôt une alerte tardive. En effet, une famille nous invita à regarder le journal télévisé et nous expliqua que le tsunami était déjà passé. Dans la petite lucarne, le président indonésien s’adressait à son peuple. Le ton était grave, les visages tristes. Après le discours, une carte de l’Océan Indien et de Java apparut à l’écran, détaillant l’épicentre du séisme et la trajectoire de la vague. Selon ce premier bulletin, près de 900 personnes avaient péri au Sud de notre région. Les phénomènes de l’après-midi n’étaient donc que notre version du tsunami. Le jour suivant, le sol se mit à trembler… Nous n’en étions qu’au troisième jour de notre voyage.

Heureusement, plus aucun événement indésirable ne s’est manifesté et le surf est bon. Le vent a disparu ces trois derniers jours et il nous faut attendre pour gréer nos voiles a nouveau. C’est l’occasion de perfectionner notre surf, de découvrir les alentours et de s’habituer de mieux en mieux à nos interminables siestes et lectures à l’ombre du patio.
Les cinq jours suivant furent épiques. Navigations après navigations, spots après spots, le vent et les vagues ne nous quittèrent plus. Nous prenons confiance, parfois un peu trop et c’est le voyage garanti chez notre désormais meilleur pote : le récif.
Gilles Calvet et ses équipes n’avaient pas menti, les conditions sont radicales : vent cross offshore entre 15 et 25 noeuds, grosses vagues ultra rapides. A notre niveau, il s’agissait plus de survie et de grands coups d’adrénaline que de perfectionnement et de lâchage complet. Ces vagues sont si puissantes que la moindre faute peut coûter cher. Cependant, au fur et à mesure de nos sessions nous nous aventurions plus profond, jouant de la lèvre et essayant parfois de poser des aerials.


Ju bottom turn, Genteng Harbour


Bateaux de pêche dans le port, Genteng Harbour



Ju poursuivi par le tube, Genteng Harbour



Ju, Genteng Harbour



Mike bottom turn, Turtles Beach

Mike s’engage, Turtles Beach



Mike aerial, Turtles Beach

Notre équipement : voiles 4.7/5.3 et planches 75 litres a subit quelques dommages. Mike a perdu voile, wishbone et surf. Le matériel en double n’était donc pas de trop.
Pendant cinq jours nous n’avons pas navigue. Le vent a baissé puis est revenu. La houle était si grosse que les spots saturaient. De bonnes excuses pour profiter de nos congés en se reposant ou en visitant la région.



Ju et la Tortue… Turtles Beach bien sur !



Mike aux chutes d’eau

Pour finir, les quatre derniers jours furent ventés et pleins de vagues. Nous étions repartis sur nos planches plus heureux que jamais. Levés à 6:30 le matin et couchés 12 heures plus tard, les journées étaient constituées de surf au lever du jour, petit déjeuner, planche à voile de 11 heures jusqu’a 16 heures puis dîner a 18 heures. Souvent l’un de nous restait à terre pendant que l’autre naviguait. Ceci permettait d’assurer la prise d’images ainsi que la sécurité. En effet, les spots sont complètement déserts et le premier hôpital est à 5 heures de route. Mieux vaut pouvoir réagir rapidement… Mais lorsque les conditions étaient ‘trop’ bonnes et que l’un ne pouvait résister à rejoindre l’autre a l’eau, alors nos désormais chauffeurs personnels devenaient photographes et prenaient le relais de la surveillance.

Notre dernier jour fut des plus ultimes : 3 sessions de planche sur 3 spots différents dont un oriente side-onshore. A l’eau tôt dans la matinée, j’estimais que les vagues grossissaient et qu’une session au port était possible. Alors comme les jours précédents, nous avons traversé le village et les champs en moto, du matériel sous chaque bras et le sourire jusqu’aux oreilles. A notre arrivée sur la jetée du port les conditions étaient là encore une fois. Apres une heure de regal nous revenons au bord. Mike propose d’aller jeter un coup d’oeil sur la côte au vent et c’est reparti pour une troisième session ! Cela m’a paru bien étrange de finir notre voyage sur cette plage. Alors que nous étions venus chercher les conditions ultimes de planche a voile dans les vagues, nous voila plein pot dans ces conditions qui ressemblent a celles provoquées par une bonne dépression bretonne. Mike s’envole pour des rotations et table tops. Moi je m’en vais derrière cette barre immense pour revenir a pleine vitesse avec ces gros paquets liquides dans le dos. Au retour sur le rivage les batteries sont a plat. Nos camarades indonésiens rigolent et nous tapent dans les mains. C’était la dernière soirée et l’ambiance était calme, cela faisait déjà plusieurs jours que nous étions les seuls dans le losmen. C’était l’heure des adieux, des fous rires, des dernières conversations laborieuses en Indonésien, des photos de groupe et des promesses d’envoyer des tirages.



Jonny et son fiston en route pour l’école, Batu Besar


Le jardin, Batu Besar

Les aventures que nous avons vécues là-bas avec Mike font de ce premier voyage en Indonésie une expérience inoubliable. Régulièrement des flashs me reviennent à l’esprit. Je me revois accroché au wishbone poursuivant ces vagues si rapides. C’est clair que ces spots requièrent un certain niveau en vagues et après réflexion je me demande pourquoi on est allé chercher des conditions si risquées.
Maintenant je sais et je suis heureux de l’écrire, c’était tout simplement la curiosité, l’envie de voir de l’autre côté de la barrière, de l’autre côté de notre réalité.

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Texte : Ju (pseudo : ljools sur URide)

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  • Julien Lefeuvre, ljools@caramail.com
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