Pro carbone…

… ou la visite de l’atelier d’un irréductible
gaulois.

Vous avez sans doute vu ses planches rouges Ferrari chaussées par une
Fabienne D’Ortoli championne du monde, ou d’un Bruno Sroka sillonnant
les spots bretons. Ces petits bijoux du sur-mesure sont fabriqués quelque
part en Bretagne, à mi-chemin entre Brest la citadine et les lagons ventés
du Finistère Nord.

Thierry, discret maître des lieux, nous accueille dans son atelier à
la découverte de son parcours, son savoir-faire… et de ses projets.

Thierry Le Corre

Age du capitaine : 38 ans
Années d’expérience dans le composite :
15
Matos : X3 12.0 et Pro carbone 135

Pro Carbone

Société créée en : 1997
Effectif actuel: 1
Début de l’activité kite en 1998
Production : 2 planches par semaine
Nombre de points de vente : une petite dizaine dans le grand
ouest.

Les boards :

Construction : Top secret !
Equipement : Straps larges asymétriques Reflex, ailerons
hand made, poignée rigide, pads double épaisseur.
Poids : entre 2.2 et 3.0 kg ( planche équipée)
.

Parcours :

De la première expérience en kite aux premiers shapes…

Lors d’un séjour de 3 semaines en Martinique avec un pote, on
avait acheté une Naish. C’est là que ça a vraiment
commencé.
Mais le déclic a eu lieu lors d’un séjour à Tarifa.
Je faisais déjà de la pièce composite et les réparations
de flotteurs de windsurf pour les shops brestois. Alors j’ai commencé
à shaper.

Voilà plus de deux ans que collaborent avec toi Fabienne
et Bruno, dans quelle mesure ont ils fait évoluer ta vision du shape
?

C’était nécessaire pour être dans le coup. Ils passent
tellement de temps sur l’eau.
Je n’ai pas la même optique au niveau courbe que ce qu’il
y a sur le marché.
C’est pour ça que mes shapes plaisent à certains : avec
tu n’as pas un sabot sous les pieds, tu n’as pas l’impression
de tirer un cap, ce sont vraiment des planches libérées.
Tu n’es pas obligé de surtoiler, la planche est tellement libérée
que tu peux caper, passer les trous de vent sans couler…
Et puis, les mecs savent quand même que je suis vraiment au contact de
la compète avec Bruno et Fabienne, et que j’ai vraiment de l’avance
par rapport à ce qui se fait en série.

On entend assez peu parler de toi dans les magazines, est-ce quelque
chose que tu fuis ?

Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Il faut d’abord
faire ses preuves sur le terrain avant de faire mousser. Je n’ai pas envie
que les gens croient que je suis un gros alors que non.
Certains ont fait de la pub, ont voulu jouer au gros, et ont fait croire qu’ils
étaient capables d’assurer derrière. Aujourd’hui ils
ne sont plus là.
Ce que je veux, c’est fidéliser les mecs qui naviguent avec mes
planches, qu’ils n’aient plus envie de naviguer avec une planche
de série. De toute façon, quand tu gagnes plus d’1.5 kg
sur la planche de série…

Savoir faire :

Tes planches sont ultra légères et solides, performantes
et confortables ; sans trahir tes secrets, en quoi résident les fondamentaux
d’une bonne planche ?

Homogénéité, cohérence des formes et … expérience
du shapeur.

Tes planches évoluent continuellement, comment conçois
tu ta gamme ?

Les gammes de dix planches où la moitié ne marche pas ne servent
à rien.
Si je pouvais sortir une seule planche aujourd’hui, ça serait la
freeride 135*34, tu peux tout faire avec. Tu la tiens de 10 à 30 nœuds.
Après, le mec qui veut vraiment le produit compet’ c’est
la tricks en 125.

Twin tip vs Mutant

La planche du moment est sans contestation, le twin tip. Quelle
est ta vision sur les hybrides type mutant ?

Ben…2 % du marché. (rires)

Mais encore…

Ça peut être bien dans le cadre d’une traversée…encore
que j’en ai fait une pour Fabienne mais elle semble préférer
le twin tip.

Pourtant les mutants semblent utilisés à Hawaii,
où en Nouvelle Calédonie avec Manolo Barlet ?

Manolo a l’air de passer en Twin tip…. mais avec un côté
plus tendu que l’autre, et un peu plus d’aileron, il est parfaitement
au milieu…. mais il a un côté où il bombarde plus.

Projets :

La diffusion de tes planches est aujourd’hui assez intimiste
( qq points de vente seulement dans le grand ouest), est-ce par volonté
ou manque de moyens ?

Il vaut mieux fidéliser une petite clientèle …. Et puis
surtout c de l’artisanat, c’est pas fait en Thaïlande ! C’est
un produit français pour une clientèle exigeante. C’est
sûr que la clientèle du sud je ne l’ai pas pour l’instant,
mais j’ai un coureur là bas, Olivier Mouragues. Il a été
en République Dominicaine, il va en Afrique du Sud…..du coup je
suis quand même présent dans le sud.

Aujourd’hui ta marque de planche est championne du monde
avec Fabienne, quelles sont maintenant tes ambitions pour Pro Carbone ?

Faire découvrir le produit à plus de monde.

Quelles sont les évolutions à venir au niveau de
tes planches?

Proposer un produit sur-mesure en forme et en couleur pour une clientèle
qui ne veut pas rentrer dans le moule.

Ta vision sur l’évolution de la pratique ?

Des planches encore plus courtes pour plus de sécurité.

Pourtant ça me paraît en opposition avec la vision
actuelle, des planches plus courtes obligeant à surtoiler… ce qui
semble à priori plus dangereux ?

Oui, mais tu prends une grosse planche, dès que ça va forcir
tu vas rebondir sur l’eau.
Avec une planche courte, tu vas conserver beaucoup d’accroche et du contrôle
.

La planche de kite de demain ?

1.20 par 35.

Merci Thierry.

Le site de la marque:

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